La mobilité artistique, un levier pour une citoyenneté européenne ? Rencontre européenne du FAR 2010, jeudi 5 août, 10h10, Morlaix Communauté.
Une des spécificités du FAR 2010 sera la présence d’une dizaine de professionnels membres du réseau ZEPA (Zone Européenne de Projets Artistiques). Leur venue sera l’occasion de mettre en place un moment d’échange autour de l’idée de citoyenneté européenne en relation avec les Arts de la rue.
Le débat sera mené par deux intervenantes, Anne Gonon, journaliste et auteur Arts de la rue, et Isabelle Andreen de Spectacle Vivant en Bretagne. Patrick Sandford, directeur du Nuffield Theatre de Southampton en Angleterre, sera l’interlocuteur privilégié du réseau ZEPA. Environ 70 personnes, pour la majorité professionnels du monde de la culture ou artistes, y prendront part.
Ce débat s’ouvrira sur une introduction bilingue présentant le FAR 2010 et le réseau ZEPA.
Ensuite, les intervenantes prendront la parole pour poser les termes du débat. Dès le départ, Isabelle Andreen précisera qu’il ne s’agira pas d’évoquer uniquement la mobilité des œuvres et des artistes, mais aussi celle des citoyens, c’est-à-dire inciter à la coopération internationale, travailler sur le partage, l’échange, et la mobilité des références professionnelles.
Anne Gonon insistera sur ce sujet : l’essentiel n’est pas la mobilité des œuvres, déjà en marche même si elle doit être approfondie, mais la mobilité des artistes et des producteurs dans le but de mettre en place des projets communs, et d’échanger. Cette idée sera alors reprise par plusieurs personnes qui prendront la parole tout au long du débat, insistant sur la difficulté pour les artistes de ne pas penser uniquement en terme de circulation des compagnies, mais aussi de voir les différents territoires européens comme des lieux d’expérimentation artistique. Elle insistera sur la notion de citoyenneté, créant une référence commune entre tous les membres de l’Union Européenne, et invitant à dépasser les enjeux nationaux pour une vision plus globale. A partir de cette introduction, le débat se ponctuera alors de témoignages d’expériences personnelles ou collectives qui permettront l’illustration des propos tenus.
Patrick Sandford, Anglais totalement bilingue même s’il commence en émettant des doutes sur la qualité de son français, commencera alors à témoigner de son expérience de mobilité aussi bien personnellement qu’en tant que directeur de théâtre. Il ressortira de son échange avec le public qu’il conçoit l’expérience du multiculturalisme comme une possibilité d’ouverture d’esprit, l’ayant rendu humble en lui faisant découvrir les multiples approches artistiques existantes à travers le continent. Il insistera ensuite sur les différentes perceptions de la culture et de l’art selon les pays, notant ironiquement que ce sont des mots difficiles à utiliser en Angleterre. Son discours sera complété par celui de Mike Martins, de Hat Fair, à Winchester, en Angleterre, qui exprimera le sentiment d’avoir découvert une certaine considération pour les arts de rue en France, qui n’existerait pas en Angleterre, où les arts de rue seraient selon lui seulement perçus comme une manière « d’amuser la galerie ». Sian Thomas, elle aussi de Hat Fair, suggèrera néanmoins qu’on peut grâce aux échanges ne pas seulement percevoir les différences, mais aussi les ressemblances existantes entre les différents acteurs du spectacle de rue à travers l’Union Européenne.
Le débat s’orientera ensuite sur le thème houleux du financement public de la culture, allant vers une comparaison entre la situation française et anglaise, et insistant sur le peu de considération de la part de l’Union Européenne sur le sujet de la culture. Adam Gent, membre du Art Council, essayera alors de contrer les critiques qui avaient été formulées par les Anglais, et de réorienter le débat dans un axe plus philosophique, sur l’apport des arts de rue aux échanges internationaux.
Cependant, une idée politique sous-tend inévitablement le discours des participants, le thème du manque de financement européen refaisant surface régulièrement, s’élargissant parfois à l’idée d’une volonté de construire une autre Europe, différente de celle proposée actuellement. Le rôle des artistes et des professionnels, dans ce domaine, sera donc mis en avant, démontrant que différentes initiatives sont possibles dans le but de construire des échanges en parallèle avec ceux existants actuellement, telle celle mise en place par la compagnie L’Âge de la Tortue qui consistait à faire venir vivre des artistes étrangers dans certains quartiers et tenter leur insertion dans celui-ci, mais aussi que leur pression est nécessaire pour obtenir plus de la part de l’échelon communautaire.
Le sujet plus précis de la mobilité des œuvres va orienter le débat sur l’inter-compréhension et le problème des multiples langues présentes sur le territoire européen. Les positions seront alors divergentes, en ce qui concerne le besoin ou non de traduction, la possibilité de compréhension des situations et des émotions au-delà des discours, illustré par l’expérience de la compagnie Luc Amoros et son spectacle écrit en Allemand, traduit en Français, et maintenant en questionnement face à une traduction anglaise, ou celle de Métalovoice ayant travaillé avec l’Écosse. Anne Gonon ira même plus loin en introduisant la possibilité de penser une mobilité des publics, qui serait alors incitée par la programmation de spectacles en langue étrangère.
Le débat se conclura finalement par un acte considéré comme une langue commune entre les différents pays, celle de boire un coup !! Enjoy yourself !